Avant de parler de notre pratique, nous souhaitons faire référence à Paulo Freire et à son livre « Pédagogie des opprimés», écrit en 1969 mais qui reste d’actualité et qui pour nous est une référence dans notre vision éducative.
Paulo Freire présente la pédagogie des oppresseurs comme une « conception bancaire » de l'éducation: d'un côté, l'éducateur qui détient le savoir et la vérité, et de l'autre, l'éduqué qui les reçoit. Cette conception, on ne peut plus classique de l'éducation, est oppressive dans la mesure où l'éduqué est considéré comme un récipient vide qu'il faut remplir sans jamais lui donner les moyens d'une compréhension critique du monde. Il insiste pour éliminer la structure hiérarchique de l’éducation, laquelle favorise la domination de l’éducateur sur l’éduqué par le pouvoir et le savoir.
À l'inverse, Paulo Freire développe une théorie de l'éducation qui repose sur un véritable échange entre éducateur et éduqué, au point où les rôles des uns et des autres sont interchangeables. L’éduqué est considéré comme un individu doué de conscience. Il s'agit alors de lui donner les moyens de s'approprier des outils de compréhension, d'analyse et de critique du monde. De plus, l'éducateur ne se considère plus comme détenteur de la vérité, mais est également en situation d'apprentissage: on parle alors de partage du savoir.
Ainsi, pour obtenir une éducation libératrice, il faut que l’éducateur et l’éduqué s'engagent, dialoguent, collaborent, participent, prennent des décisions, aient confiance et soient, en ce qui a trait à l'éducation, responsables tant socialement et politiquement. Ce processus d’apprentissage est respectueux de l’être humain.